Parti à Paris au plus fort de la crise post-électorale en 2011, John Yalley a repris la scène avec les Kyffyz. Et terminé son 5ème album Zêzêpop, qu’il compte faire découvrir bientôt aux ivoiriens. Il en parle dans cette causerie. Et de bien d’autres sujets liés à son retour au pays.
16/07/2013 (15h00)
• Comment va le chef ?
- (Il rit) Très bien !
Là, je rentre de Londres où j’ai donné un concert dans le sud de la
capitale anglaise. Ça s’est très bien passé, il y avait du monde, les
images sont même sur le net.
• Tu as repris la scène…
- Oui, ça c’est depuis
que je suis arrivé à Paris en 2011. Il fallait se remettre au travail,
pour digérer tout ce qui s’est passé au pays. Je suis artiste, j’ai
repris mon métier. J’ai donné des concerts en Italie, en Finlande, au
Danemark, en France et dans bien d’autres pays européens.
• Avec les Kyffyz ?
- Bien sûr ! Tous les
musiciens du groupe Kyffyz sont sur place en France. Ce sont des
musiciens professionnels. Quand j’étais au pays, ils vaquaient à
d’autres occupations sur le plan musical. Maintenant que je suis avec
eux, on tourne ensemble, avec Jean-François à leur tête.
• Mais on nous a rapporté qu’à Londres, tu as joué avec des musiciens anglais…
- Effectivement ! C’est
parce que pour ce concert, Appolos, l’organisateur principal, a mis un
jeune groupe pop anglais à ma disposition. L’expérience m’a tenté. Je
suis allé quelques semaines avant le spectacle à Londres, pour qu’on
répéte ensemble. Ces jeunes anglais m’ont épaté et ils ont assuré au
concert. Ils ont épousé l’esprit zêzêpop et ont joué de façon
impeccable. J’ai même décidé de renouveler l’expérience avec eux et de
les intégrer au groupe des Kyffyz, pour nos futurs spectacles. Ils
apporteront la touche pop anglaise au zêzêpop. (rires)
• Si le spectacle
à Londres a réussi, fin 2012 au Palais des congrès de Montreuil à
Paris, tu as plutôt fait un bide. Qu’est-ce qui s’était passé ?
- Oui, c’est vrai ! Pour
une salle de 4000 places, on a eu autour de 1500 personnes. En d’autres
circonstances, j’aurais rempli cette salle, mais l’organisatrice a été
boycottée par une frange de la population ivoirienne en France. Des gens
qui n’aiment pas sa tête ont véhiculé des messages sur les réseaux
sociaux pour dire que le concert n’aurait pas lieu. N’empêche, en bons
professionnels, les Kyffyz ont assuré leur partition.
• Depuis quelque temps aussi, on a appris que tu grattes à la guitare avec les Kyffyz sur scène…
- (Il rit) Bon, ça aussi
c’est une nouvelle facette de Yalley. Je me suis vraiment mis à la
guitare, en prenant des cours pour assurer sur scène, comme
guitariste-chanteur. C’est aussi important quand je compose seul. La
guitare m’aide beaucoup dans mon travail.
• Parlant de composition, où en es-tu avec ton nouvel opus ?
- L’album est déjà fini !
Il est prêt. C’est autour de 14 titres. J’avais déjà commencé les mises
en boîte dans mon studio à Abidjan. Si cela ne dépendait que de moi,
l’album sortirait demain à Abidjan. Mais c’est une organisation. Et la
piraterie qui sévit en Côte d’Ivoire fait également réfléchir. Car ce
sont des millions qu’on a investis dans cette œuvre.
• Malheureusement, ce sont tes fans qui sont sevrés en fin de compte…
- Oui, je les comprends.
Mon dernier album “ Destiny“, date de 2000. J’ai besoin de communier
avec mon “ peuple”. Il me manque, je leur manque aussi. Mais il faut que
leur artiste vive de son art. L’Etat ne fait rien, le Burida non plus.
Et les artistes sont dans la précarité. Le Burida rendra compte de sa
gestion un jour ou l’autre. Ils achètent des voitures. Ils construisent
des maisons, pendant que les artistes meurent dans la galère. On les
voit. Mais chaque chose a une fin.
• Quand te reverra-t-on à Abidjan, alors ?
- La question ne se pose
même pas. Je suis prêt à revenir demain matin, car le pays me manque. Il
faut seulement qu’il reparte comme avant, pour qu’on puisse travailler,
donner des spectacles, vivre de notre art. si tu ne peux pas vendre un
album, donner des concerts rentables, ça ne sert à rien de rentrer pour
croiser les bras. C’est ça mon gros problème !
• Mais comme on dit, la vie est faite d’espoir….
- J’espère aussi que cet
espoir pourra amener la lumière qui conduira la Côte d’Ivoire vers des
horizons nouveaux. Quoi qu’il en soit, j’ai besoin de renouer les liens
avec mon “peuple”. Et je viendrai à Abidjan dans les mois à venir, avant
fin 2013, pour lui offrir mon nouvel album qu’il attend depuis un
moment. Il sera satisfait, car c’est un zêzêpop qui a vraiment mûri.
• Tu vois Gadji Céli à Paris ?
- On se voit. C’est
mon petit frère. Il n’y a aucun souci. Ce sont des gens qui ont voulu
créer des problèmes entre nous. Mais on a vite compris et on a retrouvé
notre fraternité.
Par Eric Cossa (Par téléphone)
ecossa@topvisages.net
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