« La CEDEAO est un danger pour les pays en conflit…Alassane Ouattara doit s’en prendre à lui-même au lieu d’accuser le camp Gbagbo… »
Ex-combattant de l’armée libérienne au temps de Samuel Doe, cet ex-Capitaine et combattant de l’ULIMO aux côtés d’El Hadj Koroma, l’homme nous a rendu visite pour nous faire l’historique de l’assassinat de son ex-mentor. Il dénonce aussi le double jeu de la CEDEAO en période de crise et en veut également au Président ivoirien, Alassane Ouattara, qu’il qualifie de « lâche » et de « menteur ».
Selon cet ex-Capitaine de l’armée libérienne, ce sont les « houphouëtistes », avec à leur tête Houphouët lui-même qui ont gâté l’Afrique de l’Ouest. En effet, l’histoire de la crise ouest- africaine, et particulièrement du Libéria, a commencé après le coup d’Etat de Samuel Doe sur William Tolbert qui était l’ami intime d’Houphouët Boigny car juste après le coup de force de Samuel Doe, le Président Houphouët lui a signifié de bien vouloir prendre soin de sa plantation d’hévéa. Mais Doe lui fit savoir que la partie de la plantation qui se trouve sur le territoire ivoirien est pour lui et que l’autre partie se trouvant sur le sol libérien sera désormais pour le Libéria.
Ce fut alors le début de la mésentente entre ces deux personnalités, surtout que le Président ivoirien en voulait à Doe pour avoir tué son ami Tolbert, soutiendra Drissa Coulibaly. Après l’assassinat de Tolbert par Samuel Doe, Houphouët récupéra tous les enfants de ce dernier pour les faire évacuer vers les Etats Unis en vue d’assurer leur éducation. C’est ainsi qu’il fit le serment à la fille de son ami (Tolbert) qu’il fera tout ce qui est en son pouvoir pour que cette dernière puisse venger la mort de son père. Il éleva alors cette fille et la donna en mariage à son « petit » qui n’être autre que l’actuel Président burkinabé, Blaise Compaoré.
A la suite de ce mariage, Blaise fomente un coup d’Etat contre Thomas Sankara pour prendre sa place et venger la mort de son beau-père du Libéria (Tolbert). C’est ainsi que Blaise liquida son frère juste pour faire plaisir à son protégé, le Président ivoirien. Ensuite, Houphouët sollicita l’aide du Guide libyen, Mouammar Kadhafi, pour que ce dernier puisse aider Blaise à obtenir des armes pour aller renverser le régime de Samuel Doe au Libéria. Mais bien avant cela, les grands bandits de l’époque, en Côte d’Ivoire, qui étaient pour la grande majorité constituée de burkinabés, ont été libérés des prisons ivoiriennes pour être acheminés vers la Libye pour être formés aux maniements des armes afin de faire tomber le régime libérien. C’est ainsi que pour cette mission, ces deux Chefs d’Etat sont arrivés à appâter Prince Johnson avec quelques militaires libériens déserteurs.
Ces derniers avaient leur QG sur le territoire ivoirien, à l’Ouest du pays, plus précisément à Danané et Man. Après cela, une feuille de route fut envoyée aux Etats unis pour informer le Président Jimmy Carter de la mission en cours. Mais le Président américain opposa son refus sur la personne de Prince Johnson car ce dernier étant un autochtone libérien, il pourrait trahir leur cause, surtout que Samuel Doe avait mis fin aux rêves « des Américains qui prenaient le Libéria pour un quartier des Etats Unis. Ces militaires libériens déserteurs venaient juste pour faire leur week-end, pillaient les richesses du pays et repartaient chez eux.
Pour les Américains, le Libéria était comme Cuba d’avant Fidel Castro. Après son coup, Samuel Doe s’était confié à Ahmed Sékou Touré de la Guinée. Ce dernier lui avait assuré de tout son soutien car dans ses discours, Sékou Touré disait un jour que s’il mourait avant Houphouët, on connaîtra alors le vrai visage de ce dernier. Malgré les rumeurs de coup d’Etat qui planait sur lui, Samuel Doe les a toujours pris pour de simples ragots. Le Président américain, Jimmy Carter, n’ayant pas confiance en Prince Johnson, a lui-même désigné Charles Taylor pour accomplir cette mission qui consistait à arrêter Samuel Doe et à le torturer pour qu’il dise où il a caché des Américains qu’il avait confisqués.
Mais pour faire œuvre utile, on a fait croire que cet Américain avait détourné l’argent du Libéria. C’est après tout cela que Taylor mit le cap sur la Libye, tandis que le reste de la troupe l’attendait en Côte d’Ivoire. Durant son séjour dans l’Ouest ivoirien, Taylor avait fréquenté les villes de Man et de Danané, ses « Etats privés », car il y régnait en maître absolu. Et c’est la compagnie de la gendarmerie ivoirienne qui a escorté Taylor pour qu’il puisse fouler le sol libérien comme Président de la République.
Et les armes qui lui étaient destinées quittaient la Libye pour transiter vers le Burkina Faso avant de terminer leur course sur le sol ivoirien et d’être acheminé au Libéria. Commença alors un commerce lucratif pour Blaise Compaoré. Mais voyant que les premiers mercenaires qui sont entrés du côté de la Guinée ont été arrêtés par l’armée de ce pays, les mercenaires changèrent de tactique, surtout que ceux qui étaient arrêtés par la Guinée ont tout dévoilé à Samuel Doe. C’est ainsi que l’attaque a été planifiée depuis l’Ouest ivoirien pour faire tomber le régime de Samuel Doé, et malgré la présence des forces de la CEDEAO qui étaient présents dans le pays.
Houphouët étant le parrain et Blaise et Kadhafi étant comme les transitaires, il était en ce moment difficile à cette force ouest-africaine d’intervenir pour mettre fin à l’avancée des rebelles vers la capitale Monrovia. En plus, c’était cette force qui convoyait les armes des rebelles. Face à la tournure des évènements, la CEDEAO était divisée, et voyant la venue de troupes libériennes qui était allées faire leur formation en Israël, ils ont accéléré les choses pour fomenter le coup de force contre Samuel Doe, surtout qu’une grande partie de sa Garde était partie accueillir la troupe en Sierra Leone.
Et pour mieux réussir le coup, c’est la CEDEAO elle-même qui activait d’autres rebellions : une façon de disperser les troupes libériennes sur plusieurs fronts. Et voyant la détermination des forces guinéennes qui protégeaient le Président Samuel Doe, les Présidents Jimmy Carter et Houphouët ont corrompu le Général guinéen, Makassouba, afin que ce dernier livre Samuel Doe : ce qui fut fait, car les responsables de la CEDEAO organiseront une rencontre entre Samuel Doe et les responsables du bloc sous-régional, mais c’était juste une manière camouflée pour faire liquider Samuel Doe par Prince Johnson.
En suivant le film des tortures infligées à Samuel Doe et en coutant les propos, on comprendra le fond du problème car Prince Johnson demandait à Samuel : « Où se trouve l’argent du Libéria ? ». Le Capitaine Moussa Coulibaly soutient que Samuel Doe a été tué non pas pour le pouvoir, mais pour de l’argent. Le hic, c’est qu’après son crime, Prince Johnson n’a jamais été inquiété. Au contraire ; il a bénéficié d’un exil doré au Nigeria. C’est la même chose qui se passe aujourd’hui en Côte d’Ivoire. Après avoir utilisé les services des Libériens et des Burkinabés qu’il a fait venir en Côte d’Ivoire pour faire tomber le régime de Bédié, Alassane Dramane Ouattara a une fois encore sollicité les services des Libériens et des Burkinabés pour fomenter, contre Laurent Gbagbo (en 2000) un premier coup qui échouera malheureusement.
Malgré tout, ADO va encore une fois solliciter l’aide des Libériens et Burkinabés qu’il a fait intégrer au sein des rebelles qui contrôlaient le Nord et une partie de l’Ouest ivoirien, tout en leur promettant monts et merveilles. Mais ADO n’ayant pas tenu sa promesse, ces mercenaires commenceront à braquer les citoyens ivoiriens et étrangers et emporter leurs véhicules et leurs fortunes en nature. Voyant l’ampleur du banditisme, ADO donna l’ordre de sacrifier ces mercenaires par ses chefs de guerre.
Ne pouvant accepter une telle situation, les mercenaires libériens d’ADO ont fait allégeance au camp Gbagbo qui, contrairement au camp adverse, tenait sa promesse. Mais aujourd’hui j’ai mal quand j’entends que ce sont des mercenaires libériens de Gbagbo qui sèment la désolation et la ruine en Côte d’Ivoire, c’est archi faux : c’est bien des mercenaires libériens dont il s’était servi pour faire tomber le pouvoir de Gbagbo qui l’en veut aujourd’hui.
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