mercredi 26 décembre 2012

Afrique du Sud: la police ouvre le feu et tue des mineurs



 
L’Afrique du Sud est sous le choc après le massacre de Marikana où la police sud-africaine a ouvert le feu sur des employés en grève. Ces derniers protestaient, depuis le 10 août dernier, pour obtenir des hausses de salaire, ainsi que de meilleures conditions de vie et de travail.
La police a tué au moins 34 mineurs qui manifestaient pour demander des augmentations de salaire. Suite à ces violences, le président sud-africain a écourté son séjour à Maputo pour se rendre sur les lieux. Jacob Zuma devait assister, dans la capitale mozambicaine, au sommet de la SADC, la Communauté de développement de l’Afrique australe.
Il faut dire l’opération policière est l’une des plus sanglantes depuis la fin de l’apartheid en 1994.
La police scientifique sud africaine, elle, a débuté ses investigations sur les circonstances de la tragédie. Prés du lieu du drame, dans des misérables baraquements, vivent les familles des grévistes. Consternées, elles, chantent des chants de l’époque de la lutte contre l’apartheid.
Mais, comment expliquer que, dans un pays démocratique comme l’Afrique du Sud, la police ouvre le feu sur des manifestants ? Achille M’Bembé tente de répondre à cette question. Il est professeur d’histoire et de sciences politiques à l’Université de Witvatersrand de Johannesburg.
Par ailleurs, Paul-Simon Handy, directeur de recherche à l’Institut d’Etudes de Sécurité de Pretoria en Afrique du Sud, analyse la tension qui prévaut dans le pays.
Au boulot les mineurs
A Marikana, près de Johannesburg, la compagnie minière Lonmin a lancé un ultimatum aux grévistes. Elle menace de les licencier s’ils ne reprennent le travail. Scott Matone, journaliste au quotidien le Times à Johannesburg, assure que des 4000 grevistes, très peu ont repris le travail aujourd’hui. Et selon Véronique Tadjo, écrivaine ivoirienne et enseignante à l’université de Witwatersrand à Johannesburg, la situation est encore plus délétère :
«Tout le monde est encore plus choqué et on se demande dans quel monde ils vivent pour faire une menace pareille après une telle tuerie. Tout ce qu’ils ont pu dire, c’est : si vous ne reprenez pas le travail vous allez être licenciés. C’est absolument extraordinaire et je pense que ça, ça va augmenter le traumatisme. »
Le massacre de Marikana a été une opportunité pour Julius Malema, l’ancien président des jeunes de l’ANC, le Congrès national africain, au pouvoir. Samedi dernier, il s’est rendu sur le lieu du massacre pour encourager les grévistes à poursuivre leur lutte. Il a également accusé l’ANC d’être responsable de la pauvreté qui sévit en Afrique du Sud. Mais Paul-Simon Handy, directeur de recherche à l’Institut d’Etudes de Sécurité de Pretoria, l’ANC fait de son mieux pour s’occuper de la population :
« Le gouvernement de l’ANC s’est trouvé confronté à une tâche qu’il était assez difficile d’accomplir sans qu’il n’y ait de la casse, de changer les conditions de vie de tout l’ensemble de la population sud-africaine pauvre. L’ANC aura besoin de beaucoup plus de temps pour le faire. Je pense que le travail accompli depuis 1994 est plutôt remarquable. Le bilan de l’ANC n’est pas mal du tout. Ce qui est dommage, c’est le voir le népotisme et la corruption grandir dans un mouvement dont le leadership ne semble plus en mesure de trouver des idées nouvelles pour le devenir de ce pays. »
Concernant les blessés et autres personnes décédées, la direction du groupe minier Lonmin a promis de payer les frais des enterrements et les frais médicaux des blessés. La liste des morts, des blessés, et des personnes arrêtées a été rendue publique, mais beaucoup peinent toujours à retrouver leur parents. Jacob Zuma, le président sud-africain a annoncé une semaine de deuil national.




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