On en sait un peu plus sur les manœuvres de
déstabilisation de la Côte d'Ivoire. En effet, quand on revisite le
Rapport des Experts indépendants de l'ONU sur la Côte d'Ivoire, on se
rend compte que ce document de 124 pages (27 pages de rédaction et 97
pages d'annexes) contient une mine d'informations sur les commanditaires
des attaques contre les Institutions de la République et les positions
des Forces républicaines de Côte d'Ivoire (FRCI), ainsi que leur mode
opératoire.
Et c'est l'annexe 8 du Rapport (pages 108 et
109), intitulé « Informations sur les activités de déstabilisation de la
Côte d'Ivoire », qui donne des détails sur les hommes, la chaîne de
commandement des opérations sur le terrain et la répartition des tâches.
Les Experts onusiens ont identifié une organisation en quatre paliers.
Au-dessus de cet organigramme, se situe le Poste de commandement
stratégique (PCS), basé à Accra au Ghana.
Cette unité est composée exclusivement
d'ex-officiers des Forces de défense et de sécurité (ex-FDS) et de la
Police nationale, en rupture de ban avec les nouvelles autorités
ivoiriennes. Ceux qui animent ce pool militaire sont au nombre de six
(06) : le Colonel Alphonse alias Djédjé, ancien Commandant de la
troisième région militaire du pays, Daloa, le Colonel Dadi Tohourou
Henri, ancien Commandant du Bataillon d'artillerie sol-air (BASA)
d'Akouédo, le Commandant Jean-Noël Abéhi, ex-chef de l'Escadron blindé
de la Gendarmerie nationale, le Commandant Kakou Brou alias « Maréchal
KB », ex-sous directeur de la Garde maritime, le Commissaire Gnahoua dit
Kabila de la Police, et le Commissaire Loba Gnango Patrice, ancien
patron de la Brigade anti-émeute (BEA) de Yopougon.
Les Experts onusiens ont ajouté au bas de ces noms, cette petite note : « Commentaires
sur les récentes attaques : une fois le plan d'attaque adopté, la
conduite des opérations a été confiée au Colonel Dadi, secondé par le
Maréchal KB ». Au deuxième palier se trouvent les supports
financiers. Ce sont des personnalités pro-Gbagbo en exil qui occupaient
des hautes fonctions étatiques, para-publiques ou qui gravitaient autour
du cercle présidentiel. Ils sont au nombre de douze (12) : Koné Katinan
Justin, ancien ministre du Budget et porte-parole de l'ex-président
Laurent Gbagbo, Assoa Adou (et non Assoua comme écrit dans le document),
président de la Coordination du FPI en exil, Ahoua Don Mello,
ex-porte-parole du dernier Gouvernement de Laurent Gbagbo, Charles Blé
Goudé, ancien ministre de la Jeunesse et de l'Emploi et président des
Jeunes Patriotes, Stéphane Kipré, président de l'Union des nouvelles
générations (UNG) et gendre de l'ex-chef de l’État ivoirien, Alphonse
Mangly (et non Alfonse Mangbly), ancien DG des Douanes, Marcel Gossio,
ex-DG du Port autonome d'Abidjan, Oussou Kouassi (en lieu et place de
Oussou Koffi), présenté dans le Rapport comme ayant été ancien Ministre
de Fonction publique et du Transport (alors que Oussou Kouassi était
plutôt connu comme l'ancien Directeur général de l’Économie), Aman
Kadjo, ex-PCA de la LONACI, Nadiany Bamba, seconde épouse de Laurent
Gbagbo et directrice de la société Cyclone, et le Pasteur Koré Moïse,
Conseiller spirituel de l'ex-président ivoirien.
Selon le Rapport de l'ONU, ce sont ces
personnalités qui alimentent en espèces sonnantes et trébuchantes les
manœuvres de déstabilisation du régime en place à Abidjan.
La cellule logistique et les relais en Côte d'Ivoire
Les supports financiers s'appuient sur
un troisième palier, la Cellule de liaison en charge de la Coordination
logistique, pour distribuer les fonds collectés en vue du renversement
du pouvoir. Les Experts onusiens soulignent que cette unité est dirigée
par Damana Adia Pickass, ex-Commissaire de la CEI au titre du FPI et
président de la Coalition des patriotes ivoiriens en exil (COPIE). Ils
travaillent en étroite collaboration avec Kouamé Kouakou dit OK et Dosso
Charles Rodel, ancien Secrétaire d’État chargé des Victimes de guerre.
Selon le Rapport, Didier Goulia alias
Roger Tikouaï, anciennement officier des Douanes, est celui-là même qui
est chargé par la Cellule logistique de convoyer les fonds entre le
Ghana et le Liberia. Pour opérer sur le terrain, l'organisation décrite
par les Experts de l'ONU a établi des relais en Côte d'Ivoire, qui se
présentent comme des cellules dormantes dans le pays. Ce « Poste de
commandement tactique » est dirigé par un certain Lieutenant Bawa,
également appelé Konan ou Bakary, chargé de coordonner les opérations au
niveau d'Abidjan. Selon le Rapport onusien, ce militaire travaille en
réseau avec le Lieutenant Pehe, le père du Lt. Pehe et un certain
Anaconda.
De l'avis donc des Experts de l'ONU, les
attaques perpétrées jusque-là par un mystérieux commando ne sont pas
isolées. Elles obéissent à une stratégie militaire bien pensée par une
chaîne de commandement rigoureuse.
ANASSE ANASSE
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